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SÉRALINI, LES RATS ET LES OGM ...
Depuis la publication de l’étude du Pr Séralini sur la toxicité des OGM et du Round’Up mise en évidence sur des rats, on a tout entendu… Les médias ont d’abord relayé l’info, puis n’ont quasiment plus donné la parole qu’aux détracteurs du chercheur…
Avec la publication des résultats dans le Nouvel Observateur, la publication des photos de rats gonflés de tumeurs, la question de la toxicité des OGM a fait la une des médias pendant quelques jours… Puis la vapeur s’est inversée. On a soudain donné la parole à des scientifiques qui remettaient en cause l’étude, le sérieux du Pr Séralini, qui pointaient d’éventuels intérêts personnels… De quoi se poser des questions ! Puis, ce fut le tour des Autorités. On a eu l’avis du Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) qui reprochait la « faiblesse » de l’étude, puis celui de l’Anses, plus nuancé puisqu’il réclamait une étude plus approfondie mais, juste avant, nos Académies nationales avaient déjà « tranché », à mon sens de façon assez inquiétante…
Changer de cible
Insensiblement, le sujet des débats a changé en quelques jours… Le point de mire a bougé. On a fini par oublier de se pencher sur la toxicité des OGM pour ne plus se concentrer que sur le lanceur d’alerte, sur le personnage de Gilles-Eric Séralini, un chercheur qui ose sortir des sentiers battus et s’attaquer aux multinationales. Tous les projecteurs ont alors été braqués sur lui, plus sur les rats ! Belle manœuvre ! En douceur, le canon du fusil est allé se poser sur une nouvelle cible, au risque de faire oublier l’essentiel.
L’avis des Académies nationales
Agriculture, Médecine, Pharmacie, Sciences, Technologies et Vétérinaire : toutes les Académies nationales se sont réunies pour établir leur rapport et donner leur avis sur le travail du Pr Séralini. Il en sort un rapport de cinq pages tout à fait surprenant contenant leurs recommandations. Pour commencer, les Académies ont « jugé inutile d’organiser en leur sein une expertise approfondie de l’article de G. E. Séralini ». Elles ont forgé leur idée en s’appuyant sur l’avis d’agences et institutions spécialisées étrangères (c’était avant les avis du HCB et de l’Anses), « l’expérience du métier de la recherche » suffisant à faire le reste. Comme le souligne un communiqué de MDRGF (Générations Futures), on appelle cela « la science infuse ».
LES CRITIQUES
Les Académies parlent de graves lacunes…
• Pas assez de rats
D’après le rapport, Séralini n’aurait pas dû séparer les rats en 10 groupes de 10, les « échantillons » étant alors trop petits. Mais ce choix expérimental critiqué lui a permis d’étudier les différentes dilutions de produits, ce qui correspond aux normes OCDE, normes que n’a pas suivies Monsanto pour évaluer la toxicité de son maïs dans ses études. Or, Monsanto a lui aussi fait ses essais sur des populations de 10 rats et seulement sur trois mois, explique Générations Futures, mais personne n’a relevé ce détail ! Les académiciens devaient être trop occupés au moment de la publication des résultats de Monsanto pour en relever les grosses failles.
• Des tumeurs « bénignes »
Les Académies soulignent que « le mot tumeur utilisé prête à confusion ». Certes, les tumeurs des rats ne sont pas des cancers, seulement des tumeurs qui envahissent leur organisme et ces rats meurent prématurément… Les Académies sont outrées de la confusion, même si elles reconnaissent que Séralini n’y est pour rien… Bon ok, ils meurent, ils sont très malades, les rats, mais ils n’ont pas de cancer... Franchement, mourir, c’est mourir, et la nature des tumeurs importe peu une fois qu’on est mort, non ? Et même si ces rats ont une tendance naturelle à avoir des tumeurs (cette souche est utilisée couramment pour ce genre d’essais), c’est bien la différence d’état de santé entre deux échantillons (selon ce avec quoi on les a nourris) qui importe, non ?
• Le secret
Ce que les Académies trouvent grave, c’est que Gilles-Eric Séralini fait tout fait dans son coin, sans les en avertir dès les premiers résultats. Et que ce serait-il passé dans le cas contraire ? Je parierais que Séralini se serait retrouvé sans possibilité de mener ses recherches… Là, il a pu, dans le secret, les mener jusqu’au bout et faire publier son étude. Devant le fait accompli, il est plus difficile de réagir pour réduire la vérité au silence, même avec les meilleurs appuis et les plus grands moyens de pression.
Les Académies estiment que le devoir de Séralini, s’il craignait tant les dangers des OGM, aurait été d’en avertir les autorités afin qu’elles diligentent une expertise et gagnent un temps précieux dans la mise en œuvre éventuelle de mesure de protection des populations. Est-ce une blague ? Les doutes sur la toxicité des OGM et du Round’Up existent depuis leur création et aucune expertise indépendante de grande envergure n’a jamais été réalisée. On préfère laisser les populations manger du poison sans, surtout, les avertir du danger qu’elles encourent.
• Toutes les revues laissent passer des bourdes
L’article de G.É. Séralini est paru dans une revue scientifique de renom… Qu’à cela ne tienne, les Académies expliquent que toutes les revues, même les meilleures, laissent passer des études bidon. Quel argument de poids ! Il fallait le trouver, celui-là !
• Des conséquences sur la société
Les Académies trouvent gravissime de rendre ainsi un chercheur célèbre en faisant peur aux pauvres ignares que nous sommes. On ne doit pas appliquer le principe de précaution tant qu’on n’est pas certain de la toxicité d’un produit ! C’est un comble. Dans ce cas, où est la précaution ? Pour elles, on renforce la peur des OGM et c’est dangereux : « Cela est particulièrement grave pour les populations qui consomment des OGM en grande quantité comme l’Afrique du Sud ». On rêve ! On devrait laisser les peuples s’intoxiquer pour ne pas leur faire peur ! Surtout quand ils se gavent de poison en toute ignorance…
• Remettre en place la censure
En conclusion de leur rapport, les Académies expliquent que le problème de la durée des études se pose… 3 mois sont-ils suffisants pour évaluer la toxicité des OGM et du Round’Up ? En tout état de cause, elles proposent d’en rester là, car « il serait particulièrement dangereux d’évoquer une nécessité éventuelle d’expérience à long terme à l’occasion de cet article, car l’impression serait donnée que les résultats présentés par G. É. Séralini ont une valeur pour justifier une inquiétude du public, avec tous les dégâts que cela peut causer en France et dans le monde. » Il faut nous laisser dans l’ignorance pour qu’on n’ait pas peur. Mais tout le monde a peur de tout, car le mensonge est partout. Et pour chasser la peur, il faut chasser le mensonge et la manipulation !!! Les Académies conseillent de rassurer la population, quitte à lui mentir donc. Cerise sur le gâteau, elles proposent de créer un « Haut Comité de la Science et de la Technologie » qui contrôlerait « la médiatisation de travaux scientifiques qui remettent en cause des savoirs partagés par la très grande majorité de la communauté scientifique internationale. » Cela s’appelle la censure, simplement. Et tous les lanceurs d’alerte, toutes les découvertes, tous les chercheurs qui veulent révéler les vérités pour le bien de tous et au détriment de quelques multinationales seront mis définitivement au placard.
En résumé : le reproche majeur fait à Gilles-Eric Séralini concerne le nombre de rats : il n’y en a pas assez pour tirer des conclusions définitives. Eh bien, qu’à cela ne tienne, le chercheur, depuis le début, ne demande qu’à ce que les pouvoirs publics lancent enfin une étude indépendante à grande échelle. Une mesure qu’il aurait été logique et honnête de prendre avant la culture et la commercialisation d’aliments potentiellement dangereux.